Un triste événement s’est produit ce matin.
Je n’ai rien pu faire, il m’a glissé des doigts, c’était une chute des plus spectaculaires.
Mon verre de lait. Oui, mon verre de lait s’est échappé de mes doigts et s’est brisé par terre.
Vous auriez vu l’image, c’était horrible. Dans les premiers instants j’étais tout à fait figé.
Oh, ce n’est pas tant l’inondation qui m’a donné du fil à retordre.
Mais sur le moment j’en ai pleuré. J’ai senti de chaudes larmes couler sur mes joues. Car je savais que désormais plus rien ne serait comme avant et que le changement serait irréversible.
Pour vous, cette scène semblerait tout à fait anecdotique et sans intérêt. Mais pour moi elle revêt une importance considérable.
J’ai senti l’entrée dans un monde nouveau, celui où mon corps commençait à ne plus m’obéir. Ou même carrément à me désobéir d’un air hautain et méprisant. Un renversement total dans le rapport de forces entre nous deux.
Moi qui pensais que vieillir serait une agréable promenade vers un océan de bonheur, je constate désormais que je dois gérer un nouvel ennemi.
Alors je savais qu’il me fallait trouver le repos, que je devrais prendre le temps, m’adapter à cette situation inédite. Peut-être même me mettre au yoga. Mais mon inquiétude a repris le dessus. Non, ça ne marchera jamais, car ce corps, qui a officiellement déclenché les hostilités, complote sans doute contre moi et cherchera à contrecarrer toutes mes initiatives.
Désormais, entre mon corps et moi, il n’y a plus aucune trace d’amour, la guerre à mort est déclarée ! Rira bien qui rira le dernier…